Donc voilà voilà...
Mon homme (36ans) et moi (33 ans) sommes en couple depuis 9 ans.
Très vite nous nous sommes imaginés avec des enfants. En réalité, après 3 mois que nous étions ensemble, mon homme touchait déjà mon ventre en me disant qu'il rêvait de me faire plein d'enfants. Il fallait vraiment que je sois amoureuse pour ne pas avoir fui en entendant ces propos...
Pour des raisons financières et professionnelles, nous avons décidé d'attendre que j'ai un emploi stable pour avoir un bébé. J'ai choisi à ce moment là de faire avancer ma carrière.
Puis il y a un peu plus de 4 ans, nous nous sommes mariés et lancé en même temps les essais bébé.
Bon la 1ere année ça ne venait pas... j'étais surprise car les médecins m'ont toujours dis que je devais être très féconde car quand j'étais jeune j'avais mes règles tous les 15 jours (un enfer).
Puis j'ai fait les 1er tests, 1ère échographie au bout d'un an et 1/2. Mais rien de spécifique.
Mon homme avait une ordonnance pour un spermogramme mais étant en burn-out avec le travail, je n'ai pas voulu le perturber plus. Je me suis dit que c'était peut-être lié au traitement, au tabac...
Puis au bout de 2ans et 1/2 - 3 ans, j'ai pété un plomb. Je lui ai posé un ultimatum. Il devait faire ce spermogramme. J'en avais marre de porter seule cette infertilité alors qu'à priori je savais que cela venait peut-être de lui. Sauf que forcément, aux yeux de tous, j'étais celle qui n'y arrivait pas. Celle qui se mettait trop la pression...
J'ai pris rendez-vous en avril avec un gynéco spécialiste de la reproduction. Mon homme est venu à ce rendez-vous.
Puis en avril 2013, il a fait enfin accepté de faire ce spermogramme un samedi matin. J'étais assez fière de lui car il avait réussi à "dégainer" assez vite. Mais le lundi qui suivait, je recevait l'appel de la gynéco qui voulait avoir le numéro de téléphone de mon mari. Je lui ai dit que je me doutait que ce n'était pas bon sinon elle aurait tout simplement attendu que nous recevions les résultats le lendemain. Je lui ai demandé de m'en dire plus car c'est moi qui allait devoir soutenir mon mari et non elle après un vulgaire coup de fil.
Et le verdict est tombé. "Aucun spermatozoïde". Je ne savais même pas que c'était possible. Il n'avait eu aucune maladie spécifique enfant, rien d'anormal... Bref, un sacré coup derrière la caboche.
(Je passe l'histoire avec cette gynéco que nous n'avons jamais revue...)
A partir de là tout s'est enchainé très vite.
J'ai tout de suite pensé au don de sperme. Je me doutais que cela serait notre seule issue pour avoir cet enfant tant désiré et vivre ensemble cette grossesse.
Dans la journée j'avais pris rendez-vous pour le CECOS. J'avais aussi obtenu une nouvelle ordonnance pour un 2ème spermogramme... J'avais même les dates pour les réunions d'adoption au cas ou.
Dans le feu de l'action, je n'avais pas imaginé les conséquences pour lui, pour notre couple. Je ne m'étais pas encore posée les questions que je me suis posée dans cette longue période d'attente.
Suite au 2ème spermogramme annonçant "aucun spermatozoïde", mon homme s'est écroulé. Il voulait que je le quitte pour avoir la chance d'avoir un enfant avec l'homme que je choisirai. Mais mon choix était déjà fait. Je voulais et veux élever mes enfants avec lui. Bref, il y a eu beaucoup de pleurs, beaucoup de sentiments d'injustice, d'incapacité à agir pour changer les choses.
Nous sommes très vite allés au CECOS puisqu'en mai nous étions reçus par l'endocrinologue du service. Nous avons eu le droit tous les 2 a une batterie de tests qui ont montré que pour moi tout va bien, mais que pour lui il devra y avoir un suivi. Il a un fort déficit notamment en testostérone.
Nous avons rencontré aussi très vite la psychologue du service pour pouvoir entrer sur la liste d'attente des demandeurs de sperme. (pareil, je passe encore sur ma colère après cette personne idiote qui ose nous dire que la nature est ainsi faite car il faut bien réguler la surpopulation. Si mon mari est stérile c'est pour limiter ça... bref encore une barjo qui manque de psychologie).
En juillet il passait sur la table d'opération pour une biopsie testiculaire. L'objectif étant de retrouver quelques spermatozoïdes... mais elle s'est avérée négative. De toute façon les chances étaient minces. (je laisserais aussi de côté mon ressenti pour le médecin qui l'a opéré... manque d'humanité et connerie énorme puisqu'en plein examen il est entré avec un troupeau d'étudiants pour tâter les bourses de mon mari qui n'était pas du tout prévenu et qui n'a pas eu le choix... bref).
En septembre nous sommes allés au Tribunal pour faire les papiers nécessaires à cette démarche de demande de don de sperme, afin que mon mari soit reconnu comme étant le père.
La a commencé cette trop longue attente. Bizarrement, après toutes les démarches réalisées, mon homme lui semblait apaisé, cela lui semblait maintenant la solution. Il était toujours malheureux de ne pouvoir concevoir avec moi cet enfant, mais il allait bien. Par contre, moi j'ai cogité énormément. J'ai commencé à me demandé "Et si le donneur est moche, con, psychopathe, malade mental, avec un fond mauvais, idiot...". "Et si..."
Il y a eu ensuite le 2ème rendez-vous avec la psy en avril 2014(a qui nous ne voulions plus parler et qui a dit à la commission que nous n'étions pas prêts. Heureusement que l'endocrinologue à fait ce qu'il faut pour que ça passe).
Après, il y a eu les rendez-vous de 5min au CECOS avec 1h de retard, qui nécessitent de bloquer une demi journée de travail. Puis la nouvelle batterie de test pour mon homme et moi (dont ceux pour mon mari, pour lesquels il avait déjà fait des prises de sang, mais qu'il devait refaire car l'hôpital n'a jamais été capable de sortir les résultats...).
Puis au dernier rendez-vous inutile, il y a enfin eu une ordonnance et une date pour l'Insémination Artificielle avec Donneur. L'IAD aurait lieu à la rentrée scolaire.
Aujourd'hui, on attend 3ème IAD. La 1ere a fonctionné mais j'ai fait une fausse couche précoce. La 2ème n'a pas pris (persuadée d'avoir ovulé avant).
L'annonce de la fausse couche a été douloureuse, mais bon... au moins on sait que c'est possible.
Dans notre tête il y a eu déjà beaucoup de chemin de fait. Lorsque j'ai annoncé que j'étais enceinte à mon homme, j'ai vu ses yeux briller. Il était heureux. Et moi aussi.
A ce moment là, toutes les questions sur le donneur se sont envolées. Je sais qu'elles restent là, jamais très loin, mais ce n'est pas aussi présent.
Nous voulons seulement avoir un bébé... peu importe comment...
Parfois je pense encore... pourquoi nous. Pourquoi encore une nouvelle épreuve. Pourquoi c'est si compliqué, pourquoi faut-il toujours lutter pour vivre...
Mais après je relativise en me disant. Tant que nous sommes ensemble, que la santé va à peu près... bah ça va.
Autours de nous il n'y a que peu de personnes informées de ce que nous vivons (mes parents, son frère et son meilleur ami). Par contre beaucoup s'interrogent de ne pas nous voir encore avec des enfants.
Si nous arrivons a avoir un enfant, il saura qu'il est issu d'un don. Les enfants ont des antennes et se doutent toujours qu'il existe un secret. En plus, on est pas à l'abri d'une fuite de l'un de nos proche ou même de l'un de nous deux un jour de colère.... Nous pensons qu'il vaut mieux que cela fasse partie de son histoire dès le plus jeune âge.
Voilà, j'ai été très longue, mais vous savez tout. Et puis finalement, ça fait du bien de raconter un peu les choses....